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Page:La Nature, 1873.djvu/272

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LA NATURE.

pas rares ; nous sommes heureux de constater que, à cet égard, la France ne reste pas en arrière des pays voisins, et nous espérons que l’exemple donné par M. Guimet sera suivi dans les sessions suivantes.

La seconde excursion consistait dans la visite des hauts fourneaux de Terrenoire, à la Voulte ; le trajet eut lieu par bateau à vapeur, et bien qu’il fût assez long, de 6 h. du matin à 1 h., personne ne s’en plaignit ; le voyage est des plus pittoresques et les rives du Rhône présentent les aspects les plus variés et les plus intéressants se succédant d’une manière continue. La visite de l’usine intéressa vivement les excursionnistes ; on étudia d’une façon particulière la fabrication des tuyaux de fonte qui est une spécialité de ces usines ; la culée de deux hauts fourneaux attira l’attention des personnes qui n’étaient pas familières avec cette opération ; le spectacle est attrayant, même pour ceux qui ont déjà eu l’occasion de le voir. Après avoir visité l’usine dans son entier, on se rendit à l’entrée d’une galerie de mines que l’on avait préalablement remplie de gaz délétères en y faisant brûler, pendant vingt-quatre heures, du coke et des pyrites ; des ouvriers munis d’un appareil inventé par M. Fayol, ingénieur de l’usine de Commentry, pénétrèrent dans ses galeries sans éprouver la moindre gêne ; l’un des membres du Congrès, le docteur Gosse, de Genève, emboucha également l’appareil et put entrer aussi dans ces galeries sans être aucunement incommodé, si ce n’est par la température qui était très-élevée (40° environ). Lorsque ces expériences intéressantes et probantes furent terminées, et après une courte visite à l’entrée des galeries en exploitation, nous prîmes quelque repos sur la terrasse de l’ancien château, d’où l’on a une vue magnifique sur la vallée du Rhône. Enfin, après avoir visité la chapelle des ducs de Soubise, l’on dut quitter l’usine, non sans adresser des remerciements sincères au directeur, M. Jacquier.

En se rendant à la station où nous devions prendre le chemin de fer, quelques membres eurent l’occasion de visiter un atelier de dévidage de cocons, et ce ne fut pas là la partie la moins intéressante de l’excursion.

Pendant la durée de la session, le président avait reçu des autorités de la ville et du canton de Genève une invitation de se rendre dans cette ville. Nous n’eûmes garde de manquer une semblable invitation.

Les membres du Congrès furent reçus à Genève par une commission, chargée de leur procurer des logements ; puis il fallut partir presque aussitôt pour se rendre aux environs, à Versex, où un membre fondateur de l’Association, M. Vernes, tenait à recevoir les excursionnistes : illumination, musique, festin, rien ne manquait à cette réception, qui avait lieu dans une splendide propriété au bord du lac et où se trouvait réunie la meilleure société de Genève.

Le lendemain, il y eut promenade sur le lac, à bord d’un bateau à vapeur pavoisé, où les autorités de la ville et du canton nous souhaitèrent la bienvenue avec la plus grande sympathie et firent des vœux pour la prospérité de l’Association. Enfin le reste de la journée fut consacré à la visite des bâtiments académiques, bibliothèques, collections, musées, etc. ; il fallait se hâter, car l’heure du départ approchait et l’on n’eut que le temps d’adresser à nos voisins de chaleureux remerciements. Sans aucun doute tous les membres du Congrès, qui ont participé à cette visite, en conserveront le meilleur souvenir ; en outre, cette invitation, faite par les autorités de Genève, est une preuve de l’intérêt qui s’attache, même à l’étranger, à notre Association et nous la considérons comme un heureux présage. En résumé, la session de Lyon a offert un intérêt réel ; nous ne doutons pas que l’Association française ne soit dès à présent considérée comme une institution importante et essentiellement utile au progrès scientifique.


LES PORTS DE MER
DANS LES INDES ANGLAISES.

Depuis un certain nombre d’années, les Anglais exécutent des travaux d’art gigantesques sur le littoral de leurs possessions dans les Indes ; l’accès des côtes est souvent difficile dans ces régions, et le gouvernement n’a pas hésité à sacrifier des sommes considérables pour faciliter aux navires l’entrée de ports pour la plupart assez dangereux. Nous empruntons à l’Engineering quelques renseignements sur la digue gigantesque de Manora qui se construit actuellement à Kurrachee, port situé sur l’une des bouches de l’Indus. Les constructions ont été d’abord exécutées de la façon suivante : on a posé sur le fond naturel de la mer des fondations de pierre brute, surélevant ce fond de manière à le rapprocher jusqu’à 15 pieds de la surface des basses eaux. Sur cette couche on superpose des blocs de béton qui ne pèsent pas moins de 27 tonnes chacun. Ils sont étagés les uns sur les autres ; des dalles sont placées verticalement comme l’indique la gravure ci-contre, et forment de chaque côté de la digue deux murailles latérales d’une étonnante solidité. Ces blocs sont transportés et fixés au moyen d’une grue, glissant sur des rails à mesure que la digue s’avance vers la haute mer. Les premières fondations se sont opérées à l’aide d’une drague à vapeur, destinée à tracer le sillon, où devait s’élever le rempart de Manora. Les travaux sous-marins ont été ensuite exécutés à l’aide de plongeurs. La jetée de pierre s’accroît de jour en jour, malgré la lenteur inévitable de telles opérations ; plus de 147 pieds linéaires ont pu être établis dans un seul mois, et on espère que cette œuvre pourra être menée à bonne fin.

Cette courte description des travaux de Manora offre un double caractère d’actualité, au moment où un officier anglais fort distingué, le général Arthur