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Page:La Nature, 1873.djvu/337

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LA NATURE.

la perte d’Huningue. Il était indispensable d’enseigner l’art d’exploiter le littoral, où tant de ressources sont encore délaissées. Il fallait surtout, par des lois et des règlements sages, empêcher la dépopulation de nos côtes, devenues d’autant plus précieuses grâce aux développements des voies ferrées. Il n’est pas en effet, aujourd’hui, d’habitant de l’intérieur, qui, plus heureux que Louis XIV, il y a deux siècles, ne soit certain d’avoir régulièrement sa marée.

Travaux de M. Coste.
Étagère de pisciculture, destinée à l’éclosion méthodique des œufs.

Jamais la tête du savant n’avait été plus remplie de projets de recherches destinées à couronner l’édifice seulement ébauché de la pisciculture, quand la mort est venue interrompre cette existence si active, si patriotiquement occupée. M. Coste était alors chargé d’une mission pour préparer la réglementation de la pêche de la marine. Il tomba malade dans un délicieux et frais château de Normandie, où le retenait, pour quelques jours, une vive et tendre amitié. Il était déjà dangereusement malade lorsqu’il apprit la mort d’un neveu qu’il avait fait entrer dans la diplomatie depuis de longues années, où une carrière brillante lui était réservée. Entré au service comme simple chancelier de consulat, M. Émile Coste venait d’être nommé consul, au poste important de Carthagène, lorsqu’un mal dont il avait contracté les germes dans les régions tropicales, l’enleva après une douloureuse maladie. Cette catastrophe produisit sur l’esprit de M. Coste l’effet le plus foudroyant. Il s’imagina que son heure dernière était arrivée, et il expira, en effet, quelques jours après, malgré tous les soins dont il était entouré. M. Coste fut enterré dans la retraite où la mort était venue le chercher. Il n’y a point eu, à ses funérailles, de discours académiques, mais ni les larmes, ni les fleurs ne manqueront à sa tombe !

W. de Fonvielle.

DE LA CONSERVATION DES VINS[1]

La vigne est une des richesses caractéristiques du sol français ; elle y occupe près de 2 millions 1/2 d’hectares, répartis entre 78 départements ; on estime la récolte moyenne à plus de 60 millions d’hectolitres, valant chez le propriétaire plus de 1 milliard, dont plus du tiers est exporté, principalement en Russie, dans les Pays-Bas, en Angleterre et en Allemagne.

Malheureusement, les vins de France supportent difficilement les voyages prolongés. Ils sont sujets à de nombreuses maladies ; arrivés à leur destination, ils se détériorent, et cela d’autant plus rapidement qu’ils sont livrés à des mains moins habiles, dans des celliers mal disposés, privés de ces mille soins qui font de l’élevage des vins un art difficile où peu de personnes excellent, même en France. Les meilleurs crus sont souvent les plus délicats ; chaque année, par exemple, la maladie dite de l’amer détériore de grandes quantités des vins les plus exquis de la Bourgogne, et occasionne, ainsi que les autres altérations du précieux liquide, des pertes immenses : il n’y a peut-être pas une seule cave en France, chez le pauvre comme chez le riche, qui ne renferme quelque portion de vin altéré.

Frappé du préjudice que les maladies des vins

  1. L. Pasteur, Études sur le vin, ses maladies, etc., 2e édit. — Paris, F. Savy, 1873, in-8o, avec 32 planches gravées en taille douce, imprimées en couleur, et 25 gravures dans le texte.