Aller au contenu

Page:La Nature, 1873.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
61
LA NATURE.

même par leur bizarrerie, par leur richesse. Laissez séjourner quelques débris végétaux, une feuille, un brin d’herbe dans une soucoupe contenant de l’eau. Après un jour ou deux, l’eau se couvrira d’une pellicule, elle aura perdu sa limpidité. Une goutte de cette eau, placée sous le microscope, apparaîtra remplie d’infusoires divers. On verra des monades (fig. 1) de véritables points, qui sont au microscope ce que les nébuleuses sont au télescope. Ces petits d’entre les petits paraissent être en quelque sorte des molécules agitées, des atomes qui se meuvent. La dimension de leur corps atteint à peine la trois-millième partie d’un millimètre.

Après les monades, les êtres que l’on rencontre le plus généralement dans une infusion préparée comme nous l’avons indiqué précédemment sont les Kolpodes (fig. 2). Ils ont la forme d’un haricot ; leur corps est transparent, et l’on y distingue différents globules arrondis, que les micrographes considèrent comme leurs intestins ou leurs œufs. Les Rotifères (fig. 3) ont une tête garnie de cils vibratiles, que l’on voit s’agiter sans cesse avec une étonnante rapidité ; comme les Kolpodes, ils sont transparents et laissent voir, dans l’intérieur de leur substance, leur masse intestinale. Les rotifères se meuvent aussi dans l’eau avec une grande agilité, et ils ont la faculté de contracter instantanément leur corps, pour se pelotonner en boule. Ces êtres étranges ont la propriété de ressusciter après avoir été desséchés.

La multiplicité des espèces dans le monde des infusoires est extraordinaire ; il en est de toutes les formes ; la figure 4 en montre quelques individus différents, fidèlement dessinés d’après nature. Le mode d’existence et de propagation de ces infiniment petits fournit à l’observateur des faits du plus haut intérêt, remplis d’imprévu et de révélations curieuses ; nous y reviendrons très-prochainement.



MACHINE ÉLECTRO-MÉDICALE
DE M. RUHMKORFF

Dès que la science eut mis en évidence l’action singulière de l’électricité sur l’organisme, on songea à l’employer dans la guérison des maladies. Avant même la découverte de la pile électrique, certains médecins avaient l’habitude de donner à leurs malades des piqûres électriques : l’électricité a eu des Sangrados qui abusèrent de ce fluide mystérieux, au point de l’employer à l’exclusion de tout autre remède et d’en faire une panacée universelle. Il ne manque pas, de nos jours encore, de semblables praticiens qui ne jurent que par chaînes galvaniques, bagues électriques, ceintures, brosses ou sachets magnétiques et qui emploient l’électricité pour guérir tous les maux. Cette exagération systématique a attiré de justes railleries ; mais il n’en est pas moins démontré que, dans certains cas, l’électricité agit sur l’organisme, avec une étonnante efficacité. Le fluide électrique excite le système nerveux, et on cite de merveilleux exemples de cures opérées notamment chez des personnes paralysées. On a vu des membres inertes retrouver leur activité première, après avoir subi l’influence d’un traitement électrique.

Machine électro-médicale de Ruhmkorff.

On se sert fréquemment aujourd’hui d’une petite machine électro-médicale, imaginée par M. Ruhmkorff, qui a attaché son nom à tant d’admirables appareils d’induction. Elle se compose de deux petites bobines, véritables diminutifs de sa grande machine. À la gauche de notre gravure, on aperçoit une petite pile à sulfate de mercure, composée de deux éléments. Le courant lancé dans le fil inducteur est recueilli avec deux armatures.

Le courant est, pour ainsi dire, gradué avec la plus grande facilité. Les bobines sont enveloppées dans un double manchon en laiton et mobile. Ces manchons métalliques sont également sillonnés de courants induits. Si les bobines sont entièrement cachées sous le manchon, les secousses sont nulles ; elles seront d’autant plus énergiques que le manchon métallique en découvrira une surface plus considérable. Le mouvement du manchon se produit facilement à l’aide d’une tige métallique.

L’appareil de petite dimension est enfermé dans une boîte ; il tient dans la poche, et le médecin peut facilement l’emporter avec lui et l’enfermer dans sa trousse.



CHRONIQUE

Expédition à la recherche de Livingstone par le Congo. — Le lieutenant Grandy et sa suite sont partis de Saint-Paul-de-Loanda à bord d’une goélette et sont arrivés à Ambriz le 16 février ; ce petit port est à une faible distance au nord de Saint-Paul. M. Grandy emmène avec lui 150 porteurs pour transporter son ba-