Page:La Révolution surréaliste, n03, 1925.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DECADENCE DE LA VIE

que reluit le soleil neuf des flammes de bougie dans l’antre phénoménal des glaces brisées au fond des souterrains d’une vallée lointaine. Il tremble, il s’émeut de ces sourcils qui régissent les merveilles du ciel. Un personnage qui se promène dans une forêt de jeunes filles. Ce sont tout simplement les fleurs de mes étoiles. J’élève le débat s’il s’agit de l’amour. Ce n’est pas le premier visage pour lequel j’ai tourné les yeux, cette aurore boréale, cette aimable cendre au miel d’oeillet et les doigts du soleil ces larves flétries d’un coeur maussade !

Nous sommes toujours le soir. Cherchant une élégance de folie j’avais envoyé à cette femme mes rêves dans du papier de soie ! Mes beaux rêves adorables et majestueux, Madame de Librétoile, nous en sommes restés là ! Mon ami habite un palais correct dont il fait les honneurs avec amertume. Nul repos ne trouble l’émotion de ces marbres. C’est la belle maison du désespoir à face de chien. Il n’y a pas de journées qu’il ne médite sur l’ennui, car il n’est pas dans sa douceur des ricanements secs comme des bris de couteaux. Il porte un monoclequi lui renvoieà chaque minute l’image de sa destinée.

Destinée ! Destinée ! guide téméraire, as-tu donc jamais suivi les routes de roseaux le long des étangs de folie où sont, ces petits poissons multicolores des innombrables plaisirs. Mais le plaisir lui-même, n’cst-il pas couvert d’abcès, avec son manteau de nuage et ses ailesde vipère. Le plaisir, n’avons-nous donc jamais su ce que c’est ?

Aujourd’hui 10 février 1925. fl ne s’est rien passé...

Je suis sorti dans une rue boueuse et tourmentée avec un éclair de défi dans toute ma personne et personne ne m’a répondu. Au coin d’une impasse sordide, il y avait bien une femme adorable... Elle était habilléed’herbes folles et de myosotis et toute sa majesté renfermait la lumière, la lumière véritable, la seule lumière indispensable qui n’est pas l’imbécile lumière solaire qui’trouble les rêves miraculeux, c’est-à-dire qu’elle était l’amour ! Elle était l’amour en personneavec ses étincellesde lavandes fraîches, belle matinée rieuse à l’affût des ruisseaux rêveurs. Elle était impassiblement belle, la seule route qui pouvait me convenir évidemment.

Aujourd’hui 10 février 1925, je suis devenu fou de malheur.

Ces jours-ci, l’existence nous a apporté son fracas quotidien. Les îles aux diamants bleus que nous rencontronsdans nos forêts vierges sont devenus d’inacceptables problèmes et tous les monoclesdes fils de la nuit sont brisés. Nous sommes devant le procès de l’existence des choses mécaniques.

Nul n’abordera à cette rive de médiocrité s’il n’est auparavant muni de vêtements douteux. Mon vaisseau n’y abordera pas ! Mon vaisseau transporte de doux êtres pensifs. Il n’y a rien cleplus agréable que ces personnages de légende à fleur de peau. Nous allons contre toute espèce de dégoût, amoureux de l’amour. Les cris qui surgissent derrière les vagues sont ceux des foules immondes qui refroidissent le coeur, mais à l’horizon que nous touchons du doigt il y a une petite lueur d’espoir et. nos doigts deviennent de fictifs cheminsou de jolies majuscules sur lesquels vole l’absinthe en troupeau.

Mmede Librétoile vogue elle aussi dans ses diamants et dans ses robes majestueusesà traîne de nuit. Elle me fait des signes du haut d’un péristile de neige.

(A suivre).

JACQUESBARON.

lîl celtelitinpcdf chaircl tichronzvqu’onne rencontre qu’enliantdesrues,quand1rsmaisonss’écnrlctilpourmieux entendrel’air.

Dcde"Siml/cain.