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Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/280

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Donc, point de départ : patriotisme et république.

Pouvions-nous réussir, et pourquoi avons-nous été vaincus ?

En révolution, il ne suffit pas d’avoir des tendances généreuses et de compter trop sur l’enthousiasme des masses — Si on lutte contre des troupes aguerries, il faut savoir imiter ce qui fait leur force, et les surpasser même en valeur et en discipline. — Jamais un commandement épars ne peut espérer la victoire. Et c’est ce que n’a pas compris la Commune.

Formée d’hommes dont la sincérité était indiscutable, mais dont les têtes pleines d’idées ne comprenaient rien à la conduite d’une guerre, elle a, malheureusement, subi l’influence qui s’observe dans tous les corps politiques — Au lieu de constituer un pouvoir militaire puissant, elle a reculé devant l’unité d’action et laissé se dissocier peu à peu toutes les forces, 250 000 hommes, qui composaient la défense de Paris.

III. — La Commune a conservé un centre républicain à l’Europe monarchique.

Elle a donné un drapeau aux peuples de l’Europe.

Elle a élevé une barrière infranchissable entre les deux formes sociales.

Ses hécatombes ont montré à l’univers entier de quoi étaient capables les ennemis du progrès et de toute grande réforme.

Elle a fait voir aussi que le fer et le sang pouvaient seuls briser les obstacles séculaires pour donner naissance à une société nouvelle.

Cette révolution anticipée, mais qui n’est qu’un précurseur, indique clairement à notre France, en apparence dégénérée, qu’elle ne doit plus rien espérer des hommes qui la gouvernent.

Depuis 1870, nous marchons de défaites en défaites. Puissants naguère, nous ne sommes plus qu’un petit satellite.

Et comme si la nature semblait nous abandonner, la force de nous reproduire nous est de plus en plus refusée.

Mais tout cela tient à des causes inhérentes au régime par lequel nous nous laissons gouverner. Ces causes détruites, nous reprendrons la place qui nous convient en Europe. Des événements prochains accompliront cette métamorphose ; nous ne commettrons plus alors les mêmes erreurs que par le passé, car nous savons dès maintenant où nous voulons aller.