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Page:La Revue blanche, t17, 1898.djvu/72

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L’émoi qu’elle avait eu à apprendre l’engagement de son frère lui faisait augurer que M. et Mme Allen seraient eux aussi fort troublés à l’étonnante nouvelle. Grand fut son désappointement. Cette étonnante nouvelle, dont elle prépara l’énoncé par maintes circonlocutions, avait été prévue par eux dès l’arrivée de James. Ils se bornèrent à exprimer un vœu de bonheur pour les jeunes gens. M. Allen y ajouta une remarque sur la beauté d’Isabelle, et Mme Allen sur sa chance. Une telle impassibilité parut surprenante à Catherine. Pourtant Mme Allen abjura son calme en apprenant le départ, la veille, de James pour Fullerton. À plusieurs reprises, elle regretta que le secret eût été nécessaire pour ce départ, déplora de n’avoir pas été informée du voyage, de n’avoir pas vu James au dernier moment : elle l’eût certainement chargé de ses meilleurs souvenirs pour M. et Mme Morland et de ses compliments pour les Skinner.

Jane Austen

(À suivre.)


Traduction Félix Fénéon.