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Page:La Revue blanche, t2, 1892.djvu/212

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M. de Wyzewa, par son intéressant article sur Frédéric Nietzsche dans la Revue bleue du 7 novembre dernier, a attiré l’attention des français sur le fameux philosophe allemand.

Il l’a présenté comme metteur en système des idées de La Rochefoucauld, d’Helvétius, de Stendhal, de Schopenhauer, mais aussi de la philosophie courante pessimiste nihiliste, que Nietzsche a en horreur.

Nous allons chercher à donner une idée de sa doctrine principale, la seule discutée chez nos voisins.

(Frédéric Nietzsche est né le 15 octobre 1844 à Rocken, près de Lützen. Il passa son enfance à Naumburg sur la Saale. Sa famille appartenait à la petite bourgeoisie. Son père était pasteur ainsi que nombre de ses ancêtres paternels et maternels. C’est ce qui explique peut-être la violence outrée avec laquelle il s’attaque au christianisme et à l’étroitesse de la morale bourgeoise : douloureux effort pour s’affranchir de l’atmosphère qui avait enveloppée son enfance.

S’étant voué à l’étude des langues classiques aux Universités de Bonn et de Leipzig, il fut nommé dès 1869, à peine âgé de 25 ans, professeur de philologie à l’Université de Bâle. Il occupa ce poste jusqu’en 1877, époque où le début de souffrances nerveuses l’obligea à quitter sa chaire. Pendant douze ans, il parcouru tour à tour la Suisse, l’Italie et le midi de la