Page:La Revue blanche, t21, 1900.djvu/16

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vous ! Vous n’allez pas prendre la fuite devant un badinage que je fais avec mon nom ?

(Les Naturalistes reviennent.)

Je m’appelle Diable, mais je ne le suis véritablement pas !

Premier Naturaliste. — À qui donc avons-nous l’honneur de parler ?

Le Diable. — À Théophile-Chrétien Diable, chanoine du petit service ducal de…, membre honoraire d’une société pour l’encouragement du christianisme sous les Juifs, et chevalier de l’ordre pontifical du mérite civil, qui m’a récemment, au moyen âge, été conféré par le pape, pour avoir maintenu la populace dans une crainte durable.

Quatrième Naturaliste. — Alors, vous devez déjà avoir atteint un âge important ?

Le Diable. — Vous vous trompez : je n’ai que onze ans.

Premier Naturaliste (au Deuxième). — C’est le plus grand sac à mensonges que j’aie jamais vu !

Deuxième Naturaliste (au Troisième). — Alors il plaira beaucoup aux dames.

Le Diable s’est toujours rapproché davantage de la lumière et a involontairement plongé le doigt dans la flamme.

Premier Naturaliste. — Seigneur Dieu ! que faites-vous, monsieur le chanoine ? Vous mettez votre doigt dans la lumière ?

Le Diable (déconcerté, retirant son doigt). — Je… j’aime, à mettre mon doigt dans la lumière !

Troisième Naturaliste. — Etrange passion !

(Il le note.)
(Acte I, sc. II et III.)
La salle dans le château.
Le Margrave Tual entre.

Le Margrave. — La Liddy est un superbe animal et me plaît fort. Je veux l’épouser ou la poignarder.

Le Diable. (S’avançant. À part). — Homme estimable ! (Haut.) Le margrave Bétail, si je ne me trompe ?

Le Margrave. — Le margrave Tual, si vous ne voulez des coups de bâton.

Le Diable. — Votre Grâce est férue de la jeune baronne ?

Le Margrave (gémissant). — Outre mesure !