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Page:La Revue blanche, t28, 1902.djvu/181

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esprit d’observation — animé très jeune du désir de faire de l’art par la fréquentation des musées de la ville où je suis né ;

2° À mon humble avis, je pense que l’enseignement devrait être avant tout dirigé dans le sens pratique, il n’y a que trop de forts en thème qui sont la plaie de notre génération — Comme ce métier d’artiste est-ce un métier ?

Est-il possible de le devenir sans l’instinct que rien ne décourage ?

Partisan de l’entière liberté individuelle, je suis ennemi de ce niveau si cher aux professeurs.

De M. Octave Mirbeau :

J’ai été élevé dans un établissement religieux, chez les jésuites de Vannes.

De cette éducation qui ne repose que sur le mensonge et sur la peur, j’ai conservé très longtemps toutes les terreurs de la morale catholique. Et c’est après beaucoup de luttes, au prix d’efforts douloureux, que je suis parvenu à me libérer de ces superstitions abominables, par quoi, on enchaîne l’esprit de l’enfant, pour mieux dominer l’homme, plus tard. Je n’ai qu’une haine au cœur, mais elle est profonde et vivace : la haine de l’éducation religieuse.

Il existe, dans certains pays, des fabriques de monstres. On prend, à la naissance, un enfant normalement conformé, et on le soumet à des régimes variés et savants de torture et de déformation, pour atrophier ses membres, et, en quelque sorte, déshumaniser son corps. On peut voir de ces spécimens, hideusement réussis, dans les exhibitions américaines, et dans les pèlerinages de Lourdes et de Sainte-Anne d’Auray.

Les jésuites et, en général, tous les prêtres, font pour l’esprit de l’enfant, ce que ces impresarii de cirques laïques et de pèlerinages religieux font pour leur corps. Les maisons d’éducation religieuse, ce sont des maisons où se pratiquent ces crimes de lèse-humanité. Elles sont une honte, et un danger permanent.

C’est pourquoi, étant partisan de toutes les libertés, je m’élève avec indignation contre la liberté d’enseignement, qui est la négation même de la liberté tout court… Est-ce que, sous prétexte de liberté, on permet aux gens de jeter du poison dans les sources ?…

De M. Robert de Montesquiou :

J’ai passé de maussades, en même temps que cruelles années dans une maison de Jésuites, à Vaugirard ; je ne pense pas que cette agglomération d’enfants et d’adolescents sous la direction de pasteurs en robe noire et courte ait offert rien de plus inutile, de plus immoral et de plus cafard que ce qu’on voit rassemblé par toute sorte de collège.

Cette forme d’éducation m’a toujours paru monstrueuse. Les pensionnats sont des pénitenciers. C’est une abomination de les infliger à ceux qui ne les méritent par aucune sorte d’indiscipline marquée. Les parents qui font choix pour leurs enfants de tels lieux de réclusion, de séques-