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Page:La Revue blanche, t30, 1903.djvu/514

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la revue blanche

celles où les rois, en Seine, signaient leur justice sur un écriteau.

— Laissez passer mon caprice, dit Sacqueville.

Plus tard, les mariniers trouvèrent la morte, culbutée à l’envers, en posture de cake-walk. Son sexe émergea le premier boire l’air que respirent les hommes, et au petit bruit de baiser qu’il fit, en crevant la surface, comme un cyprin gobe une miette de gâteau, on vit qu’il leur disait :

— Bonjour.

Erbrand Sacqueville fit en avant les deux pas qui le séparaient de l’eau, se pencha, et — malgré le regret que nous avons de ne point conclure par un dénouement plus attendu et plus moral — il remit sa culotte. Mais osera-t-on dire que ce geste ne soit pas moral ?

La culotte et l’« embrouille » étaient parfaitement lavées. L’eau de ses espadrilles, au départ, s’exprima. Il n’oublia pas sa canne. Erbrand Sacqueville ne gardai de cette aventure que deux souvenirs : l’un matériel, sa canne, dont aucun armurier ne put jamais, même par le subterfuge de la torsion dentelée d’une « pince à gaz », dégainer l’épée collée par le sang jaloux, ce qui accrédita l’opinion que la canne ne récélait ni sang, ni épée. Glodyte avait hérité de la virginité de Fleur-de-Sabre.

Secondement, au point de vue mental : il prit l’habitude de relater à tout propos ses campagnes, encore que jamais manifestement il n’eût, ainsi que ce récit le prouve — été militaire.

Alfred Jarry