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Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/20

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Dans les recherches de ce genre il convient d’user de beaucoup de prudence. Après avoir cru d’abord que les sagas ne rapportaient que la vérité pure, on a poussé le scepticisme jusqu’à dénier tout rapport avec la réalité à des sagas incontestablement historiques. Il n’est pas toujours facile, il est vrai, de mettre à découvert le noyau historique sous l’amoncellement des détails fantaisistes qu’une longue tradition verbale est venue y ajouter. Dans ces affirmations une extrême réserve est de rigueur. De récentes découvertes n’ont-elles pas prouvé à l’évidence que certains personnages d’ordre tout secondaire, appartenant même à des pays étrangers, et que l’on était d’accord pour croire imaginés par le scalde, ont bel et bien vécu et joué réellement le rôle que lui attribue la saga ! Tel est le cas par exemple pour le prince danois Gnúpa dont parle la Saga d’Oláf Tryggvason[1]. Toutes ces considérations nous autorisent donc à croire que Fridthjof est un personnage réel qui doit avoir existé à la fin du viiie ou au commencement du ixe siècle.

L’histoire de Fridthjof elle-même est vraisemblablement la mise en œuvre d’une tradition populaire à base historique. La contrée où se déroulent les événements principaux a conservé jusqu’à nos jours le souvenir de quelques-unes des localités mentionnées et des personnages figurant dans la saga. Baldergrov est le nom d’un petit ruisseau, aflluent du Sognefjord. Balestrand, embranchement du Sognefjord et Syrstrand ou Sörstrand (partie du Sognefjord) rappellent la résidence royale de Beli. Un vaste territoire au sud-est de la Norvège porte encore le nom de Ringarike. Elfsborg, Götaelf, dans la Suède

  1. Cf. Finnur Jónsson : Die islandische Geschichtsschreibung (Egils saga, 1904. Einleitung, p. viii-ix).