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Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/46

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LE RÊVE DE MYSÈS

— À ton aise !… Cependant, c’est par mes herbes prestigieuses que tu obtiens de si beaux résultats ?…

— Je l’avoue.

— Alors, tu me dois de la reconnaissance ?…

— Je n’en disconviens pas.

— Vois, comme je suis faite ?… Moi aussi, je me juge digne d’amour !…

Elle tournait devant lui pour se faire admirer, prenait des poses hiératiques, s’érigeait sur un piédestal comme une voluptueuse idole de chair.

Son corps, ferme et pâle, se colorait superbement dans la lumière ; elle avait des yeux sombres où passaient, par moment, des lueurs glauques d’étang sacré, et elle désirait les baisers du prêtre de toute la passion de sa beauté épanouie, de toute l’ardeur de son jeune sang, battu par les longues courses dans les ajoncs et les roseaux du Nil.

— Je t’aime ! fit-elle, en s’agenouillant devant lui.

Il la repoussa doucement.

— Moi, je ne t’aime pas.

— Pourquoi ?…

— Parce que j’en aime une autre.

— Qui donc ?… Aucune femme n’entre jamais chez toi ?…