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Page:La Vaudère - Le Rêve de Mysès.djvu/62

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LE RÊVE DE MYSÈS

Il eût voulu sentir, sur ses yeux et son front, la corolle embrasée de sa bouche.

— Oh ! soupirait-il, laisse-moi boire aux coupes de tes seins et goûter au miel de tes lèvres ?… Ahmosis !… Ne t’enfuis pas !…

Le doux fantôme jouait avec son désir ; c’était une hantise adorable, une heure de délicieuse folie.

Mais, le « Sam », ou grand-prêtre d’Osiris, vint frapper sur l’épaule de Mysès.

— Prends garde ! dit-il, d’une voix sévère, ta pensée s’égare et ta prière n’est point agréable aux dieux.

Le prêtre frissonna, dans la crainte d’avoir été deviné.

— Qu’ai-je donc fait ?… demanda-t-il, à voix basse.

— Tu n’es plus exact aux cérémonies du temple, et, depuis longtemps, l’on ne t’a pas vu dans la crypte des embaumeurs.

— C’est vrai, fit Mysès ; j’ai été souffrant. À l’avenir j’accomplirai mieux mes devoirs.

Il respira avec force. L’on ne savait rien ; le rapt de la dépouille royale n’avait point été découvert. Cela seul importait au prêtre coupable.

— Prends garde ! répéta le Sam. Je sens en toi un mystère ; car les yeux du dieu de Sagesse se