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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/167

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SAPHO, DOMPTEUSE

Tout-Paris fantasque et léger s’apprêtaient pour la fête, elles avaient appris, sous les coups, quelque jonglerie savante, quelque tour compliqué, les bras nus, bleus de froid, et le ventre vide. Enfants de la balle, elles avaient grandi au hasard des campements et des recettes, traînant leurs oripeaux d’un bout de Paris à l’autre.

Elles évoquaient des visions violentes comme des images d’Épinal :

Des voitures de cercles, des autos, des coupés de maître, d’innombrables sapins[ws 1] passaient devant les rangées des petites baraques de pain d’épices, des jeux de tir et de massacre, des chevaux de bois, des théâtres et des ménageries. Les filles à la mode venaient s’exhiber un moment chez Martial ou chez Salvator avant de se rendre dans les cabarets en renom.

Les orchestres s’éveillaient dans une cacophonie furieuse et un peu de folie allumait les regards des passants.

La joie épaisse et bruyante battait son plein, jusqu’à minuit, dans le champ de foire où les petites paradaient, de quart d’heure en quart

  1. Note de wikisource : en langage familier fiacres, voir wiktionnaire : sapin sens 5.