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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/18

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SAPHO, DOMPTEUSE

Elle est souple, féline, toute jeune encore sous le fard qui empâte son visage et ses épaules.

Dans l’ambiance crue de l’électricité, l’étoffe paraît déteindre sur la peau, y couler des rayons de lune ; la dompteuse aime les robes enluminées, brochées d’or, d’argent, de bronze, agrafées de joyaux rutilants, et la gaine de sa jupe semble porter la fleur rare de son buste comme une tige magique.

Mais l’inconnu est auprès d’elle, et, doucement, elle l’interroge.

— Qui es-tu ?… Que me veux-tu ?…

— Cela pour toi n’a aucune importance.

Un peu surprise, elle le contemple et le trouve vraiment séduisant, malgré sa face énigmatique et sa dédaigneuse réserve.

— Mirah est jalouse et devient chaque jour plus méchante… Voilà un mois que tu assistes à toutes les représentations, et, l’autre soir, j’ai failli être dévorée !…

— Oui, dit-il, j’ai admiré ton courage.

Sapho, le torse nu, relève ses cheveux, en souriant.