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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/218

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SAPHO, DOMPTEUSE

— Et c’est pour cela que tu es partie ?…

— C’est pour cela.

— Il fallait rester auprès de moi pour me soigner, me guérir, tout à fait. J’étais trop faible encore.

— Je n’ai pas osé.

— Ah ! que tu as été imprudente !…

— Mais que s’est-il donc passé ?…

— Rien, fit-il, après un silence. Il ne s’est rien passé. Seulement, j’ai peur des autres et de moi-même. Les anciennes hantises me poursuivent, de nouveau, et je crains de ne plus jamais retrouver la sécurité de ces jours divins que nous avons gaspillés comme deux enfants inconscients. Non, certes, nous ne retrouverons plus ces chaudes journées d’amour, ces averses de soleil qui me trempaient d’un frisson voluptueux, ces roses, ouvertes comme tes lèvres, donnant leur vie dans un baiser, ces caresses de feuilles tombant dans nos cheveux, cette mollesse de la terre s’enflant comme un sein de nourrice et laissant couler le lait des ruisseaux sur le sable d’or !…