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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/61

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SAPHO, DOMPTEUSE

des cigarettes de tabac blond, fortement opiacées.

Arlette, les yeux mi-clos, étendue sur le divan, semblait écouter la scie à la mode que fredonnait Melcy, pour prouver la sérénité de son âme, après la terrible prédiction qui lui avait été faite.

Malaga remuait les hanches dans une mimique orientale amusante, qui dégénérait vite en danse montmartroise épileptique. Puis, elle s’emparait des prunes et des abricots qu’elle lançait, en jonglant, par-dessus sa tête. Les couteaux, les assiettes suivaient, bientôt, décrivant des ellipses inquiétantes sur les convives.

Sapho s’était rapprochée de Ludovic.

— Alors, tu as connu mon ennemi ?…

— Oui, nous avons été au collège ensemble.

— Ah !…

— Ce n’était pas une mauvaise nature ; mais la folie le tenait déjà. Il était d’une tristesse que rien ne pouvait vaincre, parlait, sans cesse, d’un mystérieux danger qui se manifestait par une foule de sensations extra-naturelles. Privé des soins clairvoyants d’une mère, car il