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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/69

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SAPHO, DOMPTEUSE

m’en sens pas le courage. Qu’il te suffise d’apprendre que j’ai été trompé indignement, et que je me suis vengé. Ensuite, un grand vide s’est fait dans ma cervelle ; l’on a dû m’enfermer dans un établissement spécial ? Mais, il paraît que je suis guéri ?… Le suis-je réellement ?… Il me semble que la nature m’accorde seulement une sorte de trêve, d’engourdissement, de sommeil moral…

— Tu es très robuste.

— Aucun organe essentiel n’a été attaqué dans cet horrible choc… Sans doute, plus tard, te dirai-je tout. À présent, j’ai peur de moi-même. Rien qu’à évoquer certains souvenirs, il me prend des accès de démence.

Ludovic était plus instruit qu’il ne voulait le paraître des infortunes de son ami ; seulement, s’il connaissait l’événement tragique qui avait bouleversé sa vie, il était peu au courant de ce qui avait précédé et suivi le crime. Même, il ignorait le mariage de Christian, croyait qu’il avait frappé une maîtresse infidèle.

Ils marchaient, côte à côte, lentement, au milieu du vacarme, sous les arceaux flamboyants