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Page:La Vaudère - Sapho, dompteuse, 1908.djvu/75

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SAPHO, DOMPTEUSE

Dans le tapis grouillant, qui couvrait le sol d’une cage de verre, des têtes, aux yeux emplis de lueurs cruelles, émergeaient, et des luttes s’engageaient parfois entre les pensionnaires surexcités. Les anneaux visqueux se nouaient aux anneaux, affluaient les uns sur les autres, s’enfonçaient en un étrange glissement, reparaissaient, plus loin, comme des vagues vivantes mollement bercées. Des corps flexibles s’élançaient le long des parois transparentes, s’accrochaient au plafond, se balançaient ainsi que des lianes, puis se laissaient choir sur le tas frissonnant, toujours en mouvement.

Melcy apparaissait dans la cage, cueillait un reptile ou deux pour se livrer à ses dangereux exercices. Ils dressaient la tête, en sifflant, pleins de colère, et, peu à peu, devenaient obéissants et soumis. Ils s’enroulaient à ses flancs, avec des torsions lascives, levaient leur langue fourchue jusqu’à sa bouche, s’insinuaient, avec des torsions spasmodiques sous ses bras, entre ses seins, contre ses jambes, et elle dansait avec sa grappe de reptiles, pliait et cambrait le