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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/104

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

sur les cordonnets. Cécilia, maintenant, a une taille de sylphide, une cambrure de déesse. Et, le froufrou soyeux des jupons enveloppe la croupe et retombe sur les jambes revêtues de bas délicatement brodés.

Mais la figure ! Comment va-t-elle faire ?

Pendant que Cécilia s’inspecte dans la psyché, Jeanne prépare sur la toilette un régiment de pots, de flacons, de boîtes multicolores, de pinceaux et de pattes de lièvre ; on dirait d’un étalage de parfumeur.

Cécilia s’installe et le portrait commence.

Le blanc gras, les onguents, le rouge, le carmin, le bleu et le noir s’étalent en couches épaisses sur les rides et les crevasses. Peu à peu, le masque s’adoucit ; un reflet de jeunesse semble passer sur ce visage fatigué par les fards cependant que les brosses, les pinceaux et les houppes renforcent ici, atténuent par là et ouatent les contours durs des joues boursoufflées. Un dernier coup à la chevelure teinte, et Cécilia a vingt ans de moins sous la voilette.

Enfin, la toilette est achevée. Il est cinq heures et demie. Vêtue d’une robe princesse rose qui moule sa taille fine, le chef coiffé