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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/144

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

« Je m’explique : depuis mon enfance, j’ai toujours eu la joie d’être soumis à l’autorité d’une femme, d’être son esclave, son jouet, sa chose. Ma nourrice m’a prodigué les fessées ; ma gouvernante, une Anglaise, a su faire de moi un ami, un esclave du fouet, et depuis que j’ai l’âge d’homme, je ne puis plus me passer de l’autorité féminine ; être battu, être bafoué, être cruellement châtié, telle est ma seule passion, bien innocente, n’est-ce pas ?

— Non, mais, est-ce un fou ou un cochon ?

« Voulez-vous être cette amie, ce maître, dur, inflexible, barbare même, qui saura plier ma volonté et ma résistance comme un roseau ? Voulez-vous prendre entre vos mains, que je devine mignonnes, mon âme virile et la broyer ? Voulez-vous fouler ma chair sous vos bottines, faire jaillir mon sang sous vos ongles, arracher par lambeaux ma peau frémissante ?

« Si oui, je suis à vous et vous êtes mon maître. Jamais je ne vous toucherai du bout du doigt ; vous ne serez pas ma maîtresse, au sens que l’on attribue à ce mot. J’ai horreur de l’acte sexuel et je suis vierge sous ce rapport.