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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/164

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

fille, une putain… Ah ! papa, maman, pourquoi êtes-vous morts, pourquoi m’avez-vous laissée ?…

Oh ! comme je voudrais retourner au presbytère, quitter tout, ce Paris odieux, cette vie de honte et de lâcheté ! Comme je voudrais rentrer à la maison, et retrouver mon père, ma mère… Il me semble qu’un grand voile s’est abattu sur ma vie depuis un temps et qu’il a tout assombri, tout noyé sous ses loques noires… Mais il va se dissiper, il va disparaître et je me retrouverai là-bas, au presbytère, pure encore, entre mon père et ma mère, avec du bonheur et de la joie… Oui, tout cela n’était qu’un mauvais rêve, le grand-duc, Cécilia, les hôtels du Quartier latin… J’ai eu des cauchemars, évidemment, mais je vais m’éveiller, je vais revivre, chez nous, au presbytère, où le ciel est si beau, où les fleurs embaument davantage, où les oiseaux chantent plus joyeusement… Je vais m’éveiller, je vais vivre, enfin, après cet affreux rêve…

 

… Hélas, pourquoi ces souvenirs, pourquoi ces regrets. Qu’ai-je encore à espérer ? Rien… Je suis une fille, une fille…