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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/21

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

buée. De temps en temps, un vol de brouillards enveloppe mon chalet dans ses replis ouatés et je ne vois plus que du blanc, partout. Je suis dans le blanc jusqu’au cou, voué au blanc, puis tout à coup le voile se déchire et les contreforts du Chamossaire s’estompent en noir entre les murs blancs du brouillard. Et c’est ainsi depuis ce matin. Je n’ai plus de livres. Je n’ai plus de tabac, je n’ai plus de thé. Dieu, que je m’ennuie.

Mais voyons ; ai-je bien visité mon chalet ? Si je faisais un voyage d’exploration autour de ma chambre, moi aussi ! Allons-y. Il y a une chose qui m’intrigue, c’est le grenier. Mon chalet est très vieux ; il a été construit en 1671 ; c’est gravé au couteau dans la poutre maîtresse de la façade. Donc, il y a peut-être quelque chose d’intéressant dans le grenier.

Il y a surtout du foin. Je remue les bottes et je soulève des paquets de poussière. Un jour parcimonieux filtre entre les jointures des bardeaux et je n’ose frotter une allumette. Ah, si j’avais une lampe Davy, comme les mineurs !

Peu à peu, cependant, mes yeux s’accoutument à l’obscurité relative et je distingue des