Aller au contenu

Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
218
LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Mais je n’ai pas dit oui, non plus ; plus tard, on verra.

Comment expliquer un tel changement à Georges. Sûr, il se méfierait. On ne devient pas ainsi, tout d’un coup, assez riche pour payer des loyers de 2.000 francs, au moment où on sort de crever la faim !

Mais je n’ai pas dit non et je me réserve de choisir la date. Après tout, pourquoi ne profiterais-je pas de la passion du vieux « colonel ». puisqu’il tient à dépenser de l’argent ? Si je refuse, il trouvera quelqu’un d’autre qui acceptera des deux mains, et moi, je resterai dinde comme avant.

Ah non, je ne veux plus ! J’ai eu trop de misère pour m’y replonger de gaieté de cœur et, au contraire, je veux m’élever, je veux être riche, pour jouir de la vie, pour satisfaire tous mes instincts, pour épuiser tous les charmes de l’existence, puisqu’il n’y a que ça qui compte, et qu’après, c’est le grand saut final dans le noir éternel, dans la pourriture de la terre et le grouillement des vers…

Je renouvelle constamment mon annonce dans Fin de Siècle et dans le Supplément, et, chaque semaine, j’ai de nouvelles figures. Jus-