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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Il y a juste un mois ! C’était par une après-midi torride, une chaleur à fondre les chimères de Notre-Dame ! Je sommeillais, assommée, dans le divan ; les volets clos laissaient filtrer des flèches d’or qui dessinaient dans la chambre des taches éblouissantes où jouaient des poussières.

Dans la rue, personne, pas un bruit… La ville semblait dormir, accablée, et rien ne se percevait qu’une rumeur imprécise venue de très loin…

Georges était au Luxembourg, sous les marronniers.

Tout à coup, bing, bing… Je me réveille en sursaut. C’était le colonel. Il arrivait, ardent, les yeux pleins de désir et, dès le seuil, il me couvrit de baisers. La chaleur l’excitait sans doute, Pourtant, ce n’était pas son jour.

J’étais bien lasse, molle comme une chiffe, du coton dans les jambes ; je dus me résigner cependant. Le colonel était déjà sur le divan, tout nu, attendant ses piqûres. Tout d’abord, je lui administrai quelques coups de cravache et je me sentis soulagée de frapper ainsi ce vieux salaud qui m’avait réveillée. Puis, laissant la cravache, je saisis les aiguilles et je fis