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Page:La Vrille - Le journal d’une masseuse, 1906.djvu/241

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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

minette. Louisa et Cléo, qui sont toujours collées, me racontent les potins. On n’a pas revu Georges ; on ne sait pas où qu’il a passé !

Georges, mon pauvre petiot !

Depuis quelque temps, j’ai mal dans le dos et la poitrine. J’ai des sueurs, la nuit, et je m’éveille, trempée. Avec ça, de la fièvre, de l’abattement, des idées noires. Ça m’inquiète un peu et je devrais consulter un médecin ; mais je n’ai pas le temps. Est-ce qu’on a le temps de faire quoi que ce soit. Je suis si occupée. D’abord, je dors jusqu’à deux ou trois heures ; puis, après, ma toilette me retient jusqu’à cinq. Ensuite, visites chez les modistes, essayages chez les couturières, apéritif ou thé n’importe où. Le soir, après dîner, théâtre ou music-hall, souper, bombe, et la cuite habituelle comme couronnement. Ai-je vraiment le temps de me soigner !

Mon colonel se surmène de plus en plus et j’attends à chaque minute l’attaque fatale. Ce n’est pas que cela me chagrine, au contraire. Quelle délivrance ! Mais ça m’ennuie ; c’est toujours embêtant de songer qu’on peut se réveiller à côté d’un cadavre. Je voudrais qu’il