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LE JOURNAL D’UNE MASSEUSE

Hélas ! Je suis malade, je suis déshonorée, je suis perdue !

Cette chambre ! oh, cette chambre louche et maussade d’hôtel, ces meubles laids, ces tentures salies, ce lit ignominieux !

Combien je regrette ma jolie chambre chez la grande-duchesse, mon beau lit en bois sculpté et les moulures qui ornaient les panneaux…

Mais non, je ne veux pas la regretter, puisque je l’ai quittée, puisque je me suis enfuie.

À toi, cher petit journal, je vais tout raconter, je vais tout dire. J’en ai trop sur le cœur, je veux me soulager, en te confiant ma peine. Ah ! je suis bien malheureuse. Que vais-je devenir maintenant ?

Ça devait arriver. Pouvais-je me défendre ? Comment aurais-je pu prévoir toute la bassesse, toute l’astuce de cet homme ?

Il me faisait peur. Devant lui, je me sentais anéantie, comme une chiffe. Ses éclats de voix, son regard dur et cruel me donnaient le frisson.

Depuis le bal où je l’avais laissé se morfondre, il avait encore accentué son attitude