point encore faite alors au grand monde ;
ma surprise augmenta bien davantage
quand je vis quatre messieurs ; je craignis
quelque mésaventure, parce que sœur Prudence
m’avait parlé quelquefois de la Salpétrière
et des enlèvements qui se font à
Paris par ordre de la police ; je n’étais
pas aguerrie encore, mais ma crainte se
dissipa complètement quand je vis entrer
ces messieurs avec trois dames dans mon
appartement. Mon amant avança le premier,
il s’aperçut de mon étonnement. —
Êtes-vous fâchée, me dit-il en appuyant
sur toutes ses paroles, de la bonne compagnie
que je vous amène ? Tout ce monde
entre aussitôt après lui. On s’imagine assez,
je crois, les compliments que demande
une première visite ; je me contenterai de
dire qu’ils furent fort longs ; nous ne les
finîmes, en un mot, que pour nous mettre
à une table de Pharaon, je ne savais pas
ce jeu-là non plus qu’aucun autre, ce fut
donc ma première leçon. Une des trois dames
s’occupait avec mon amant à faire une
partie au loto ; tel fut le premier établissement
d’une académie que je continuai
toujours depuis. Quand je ne jouais pas
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