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Page:La belle Cauchoise, 1788.djvu/87

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dis, je me fis de l’argent pour m’en retourner à Paris, chargée de ma vérole. Ce parti était le plus sage, car s’il n’était pas sûr de se fier à mon colonel, étant en bonne santé, il était bien plus naturel à moi de le craindre après lui avoir donné le virus syphilitique, ou pour mieux m’exprimer, une vérole semblable à celle que j’emportais.

On voit que mon séjour à Rouen fut assez court : Il ne fut cependant pas sans aventures. Car il faut l’avouer ici sans tergiverser et sans craindre d’être taxé de mensonge, l’homme de Rouen est diablement fouteur, et sans ma maudite vérole, je serais peut-être encore dans une ville où le plaisir est la première ainsi que la souveraine loi, principalement pour les jeunes gens.

La voiture publique, ou diligence qui me conduisit à Paris, contenait un jeune homme de dix-huit ans environ, un Barnabite et une jeune fille qui allait sans doute faire ses couches à Paris.

Le voyage se fit galamment, sans m’amuser à dauber la jeune fille, grosse comme une outre, je tombai sur le très-révérend père Barnabite.