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Page:La danse du chevalet - Jules Troubat (1875) - Bra 2108.pdf/11

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LA DANSE DU CHEVALET.

valet. Il a pris même à partie là-dessus M. Germain, qui n’y attachait pas tant d’importance, dans le temps où il frayait à la grande Histoire une route droite et sûre à travers le labyrinthe difficile des archives provinciales. Il s’était contenté de cueillir une fleurette en passant, sur la foi des anciens, et voilà qu’on lui en conteste l’authenticité, et qu’on le rend responsable d’une erreur commune !

M. Edélestand du Méril prouve, par un grand nombre de documents et témoignages à l’appui, que la danse du Chevalet existe en bien d’autres lieux encore qu’à Montpellier ; il la montre, avec ses appellations différentes, dans une foule de localités, où toutefois elle est moins célèbre et ne se rattache pas à une légende aussi poétique, en France, en Angleterre, en Allemagne, jusqu’au Mexique et en Chine. Je n’irai pas si loin avec lui : je me contenterai de renvoyer à son chapitre[1], et je lui répondrai — en regrettant qu’il ne soit plus là pour m’entendre, — que M. Germain s’est rectifié le jour où il nous a signalé à nous-même le dessin qui figure sur un vase antique du musée de Béziers, et dont nous donnons la reproduction. Ce jour-là, M. Germain a reconnu son erreur et voulu prouver que la danse du Chevalet avait réellement une origine bien plus ancienne que celle qu’on lui avait toujours attribuée, et que n’indique pas son savant antagoniste.

Nous devons la reproduction de ce dessin à M. le directeur du musée de Béziers, M. Charles Labor, qui a bien voulu nous en communiquer une photographie, exécutée avec beaucoup de soin par MM. Viacara et Tanières, qui y ont mis la plus grande obligeance. L’opération n’était pas sans difficulté, car le règlement s’opposant à la sortie des objets, les deux artistes ont dû transporter leurs appareils dans l’une des salles du musée. Dans ces conditions, l’entreprise devenait tout de suite délicate, à cause même de l’état de vétusté du vase et de sa petite dimension. La photographie, qui nous a été envoyée, avait été prise aux deux tiers de la grandeur, et l’habile dessinateur bien connu, M. Kreutzberger, en la reproduisant, a rendu au vase ses véritables proportions.

Ce vase, d’une forme élégante et peu commune, a été trouvé à Délos, il y a une trentaine d’années. Le fond en est composé d’une terre très-fine d’un ton jaune clair : la peinture est rouge et noir ; on distingue très-bien ces deux tons à la loupe.

  1. Voyez dans l’Histoire de la Comédie, tome I, page 421, l’appendice intitulé Le Chevalet (Paris, Didier, in-8, 1864).