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Page:La séparation des églises et de l'état.djvu/118

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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT


écoles libres, autorisations de livres, créations de facultés, de lycées, etc., etc.

D’autre part, les conseils académiques dirigeaient sans contrôle enseignement primaire et enseignement secondaire qui étaient, l’un et l’autre, accessibles aux religieux. Le titre de ministre du culte suffisait pour professer dans les écoles primaires et aucune autorisation administrative n’était requise pour ouvrir une école libre, secondaire ou primaire.

De tous côtés, la loi ouvrait des voies d’accès à l’envahissement du clergé.

L’Église triompha, et dès lors ne se crut plus tenue à cacher l’audace de ses entreprisses. Après l’enseignement, l’assistance publique devint l’objet de ses convoitises. Le Gouvernement n’eut garde de la mécontenter ; dans toutes les lois sur la bienfaisance, l’influence cléricale fut favorisée et devint prépondérante.

Le Concordat lui-même n’était plus observé. Les évêques quittaient leurs diocèses ; ils allaient à Rome recevoir des bulles pontificales. Bien plus, ils se plaçaient en dehors du droit commun sans être inquiétés ; les conciles, les synodes se multipliaient, alors que pour les autres citoyens la liberté de réunion avait disparu.

Il est tout naturel que les conséquences financières de cette renaissance cléricale aient été importantes. En 1848, le budget des cultes était de 42 millions ; en 1852, de 44 millions : en 1859, il dépassait 46 millions.

En outre, l’État subventionnait de nombreuses communautés. Et les couvents, par des dons et legs autorisés et par des fidéicommis, atteignaient un chiffre de fortune considérable. En 1859, les congrégations étaient propriétaires de 14.660 hectares de terre ; la valeur des immeubles leur appartenant s’élevait à