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Page:La séparation des églises et de l'état.djvu/218

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LA SÉPARATION DES ÉGLISES ET DE L’ÉTAT

Néanmoins toute ingérence des fidèles dans l’administration temporelle des Églises n’a pas été entièrement écartée : généralement le sermon d’un dimanche par an est remplacé par un compte rendu de gestion aux fidèles

Un semblable régime légal a, bien entendu, eu pour conséquence un accroissement prodigieusement rapide de la puissance morale et matérielle des Églises, et notamment de l’Église catholique. Jusqu’à présent aucun parti politique ne paraît songer à y mettre obstacle. Le nombre des non-croyants est néanmoins considérable aux États-Unis. Si les interventions des Églises dans les affaires politiques devenaient plus fréquentes et moins discrètes, si les efforts d’ailleurs couronnés de succès, qu’a faits l’Église catholique en vue de constituer un enseignement primaire strictement confessionnel, apparaissaient un jour comme dangereux à certains égards, notamment au point de vue du retard qui en résulte pour l’assimilation des immigrés catholiques et leur fusion avec les autres races[1], peut-être les Américains connaîtraient-ils à leur tour cette question cléricale qu’ils considèrent, avec un dédain un peu superficiel et avec la confiance d’un peuple jeune, n’ayant point encoix’ fait certaines expériences, comme occupant une trop grande place dans les préoccupations politiques du vieux monde. Peut-être viendra-t-il un jour où il y aura parmi eux non seulement des non-croyants, des « agnostiques », mais des anticléricaux.

Mexique. — La séparation des Églises et de l’État apparaît dans la législation du Mexique sous un tout autre aspect qu’aux États-Unis. On ne peut parler ici d’une étroite union morale entre l’État et l’Église

  1. Voir un article de M. P.-G. la Chesnais, dans l’Européen du 14 janvier 1905.