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Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/165

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DE DIVERS POETES.



 Vt ſon regard contenté,
 Voyant de la fille ſienne
 La plus qu’humeine beauté,
 Esbahie en ſon courage
 De ſa grand’ perfeccion,
 Elle augmenta dauantage
 Vers ell’ ſon afeccion :
 Puis toute gaye & ioyeuſe,
 D’une voix treſgracieuſe,
 Pour deſcouurir ſon ſouci.
 Tenant les vermeilles roſes
 De ſa bouche un peu deſcloſes
 Elle parola ainſi :
Les Dieus n’ont voulu permettre
 Aus vains penſers des mortels,
 Que d’eus ils ſe puſſent mettre
 À fin : bien que leurs autels
 Soient tous couuers de fumee,
 Ou pour gaigner leur faueur
 Ou pour leur ire animee
 Faire tourner en douceur,
 Tous les veus pas ils n’entendent
 Qui deuant leurs yeus ſe rendent :
 Ains les ont à nonchaloir.
 Veu ni priere qu’on face
 N’y font rien, ſi de leur grâce
 Ils n’ont un meſme vouloir,
Que penſes tu fille chere,
 Penſes tu bien reſiſter