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Page:Labé - Œuvres, t. 1-2, éd. Boy, 1887.djvu/281

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ET LES ŒUVRES DE LOUISE LABÉ.


l’Italie et de l’Espagne, on serait étonné des noms célèbres qui s’y trouveraient. À ce moment là, on ne se doutait pas encore des effroyables calamités qui allaient fondre sur la ville, chaque poète faisait son petit ramage, et dans le concert donné sur les bords de la Saône se trouvaient des artistes de tous les pays.

Ceux qui se piquaient d’aimer les lettres et les nombreux lettrés de marque qui traversaient la ville ne pouvaient manquer, un jour ou l’autre, de venir admirer le petit phénomène dont on commençait à beaucoup parler. On venait chez Louise Labé, prendre le thé, c’est-à-dire goûter « d’exquises confitures, » en faisant de la musique, en lisant des vers et en devisant des livres nouveaux. Réunions toutes privées, et peut-être plus authentiques que celles de cette Académie angélique de Fourvières dont le P. Colonia nous fait connaître les membres et les règlements, sans parvenir à nous convaincre de son existence.

Aucun voyageur ne nous ayant conservé, dans ses lettres sur Lyon, le récit d’une soirée chez Louise Labé, nous sommes obligés de fouiller les quelques pages qui nous parlent d’elle, pour tâcher de nous la représenter dans son intérieur.

Sous les traits assez raides, gravés en 1555, par Woëiriot, on devine une jolie femme, et quand on anime ce visage si expressif, au dire des contemporains, on comprend qu’elle ait fait tourner des têtes beaucoup moins mobiles que celle d’Olivier de Magny. Du Verdier, qui ne l’avait pas entendue chanter,