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Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/108

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« Le Chant de la Paix »

l’homme, la terre produira de quoi la nourrir. Voilà le côté avantageux de la science. Envisageons-la maintenant, contrôlée par l’injustice et l’ambition. Prévoyons ses terribles ravages ; bannissant de l’humanité l’ouvrier devenu inutile, c’eat le triomphe pour un court moment de la richesse et de la force injuste. Ici, il est extrêmement nécessaire que l’ambitieux s’ouvre les yeux pour voir dans quel effroyable abîme il se plonge. Qu’il se rappelle que l’ambition de l’homme est insatiable, que jamais personne, à part Dieu et son Église, n’empêchera celui qui posséderait la moitié de la terre de désirer l’autre moitié. Il est évident qu’à ce point de vue, l’être abandonné à lui-même ne peut d’aucune manière espérer être heureux… Tu vois, incroyant et puissant par la force de l’or qu’un ouragan terrible fondra bientôt vers toi pour t’anéantir. Ton or ne sera pas assez fort pour arrêter cette rafale et le grondement de ce tonnerre que feront ces millions et ces millions d’humains en s’avançant vers ton palais, tels des loups affamés… Riche tu ne peux comprendre, toi qui n’as pas faim, ce qu’est la faim ; tu ne peux comprendre, toi qui est heureux, ce qu’est la misère : Ton œil, ébloui par l’éclat de ces richesses, ne pourra percevoir ce qui se passera au fond de ces misérables taudis où d’innombrables pères et mères de famille verront se grouper autour d’eux leurs enfants criant : J’ai faim, j’ai faim… Comme il sera épouvantable le sort de ces malheureux qui n’auront plus de travail ; la machine sous le mauvais génie de l’homme les aura remplacés… Prends garde, toi qui combats la religion ! Ces moments seront terribles pour toi, si tu triomphes, crains ton triomphe… ton triomphe sera ta perte. Tu t’apercevras qu’il faut un Dieu pour conduire l’humanité ; toutes ces victimes à qui tu auras arraché la foi et l’espérance se révolteront en voyant l’injuste douleur qui les accablera. Alors le flot incessant de ces bêtes humaines s’avancera vers toi.