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Page:Labarre - Le chant de la paix, 19xx.djvu/12

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« Le Chant de la Paix »

heur inespéré, elle crut bon de ne pas cacher plus longtemps ses sentiments et ce fut alors d’une voix vibrante d’émotion, qu’elle lui dit :

— « Jean, pardonnez-moi, mais il me semble que je suis si Indigne du bonheur que vous m’offrez, qu’instinctivement je ne peux m’empêcher d’en éprouver une certaine crainte… Si vos paroles ne sont pas l’expression sincère de votre cœur vous faites bien mal de me les exprimer ; par ce moyen vous risquez d’augmenter le trouble de mon âme, en y allumant des illusions qui ne manqueraient pas, en s’éteignant plus tard, de briser à jamais ma vie… Vous n’avez pas oublié, sans doute, qu’orpheline, sans beauté ni fortune, une grande distance nous sépare l’un de l’autre, sachant de plus que les préjugés du monde sont impitoyables en ces circonstances. N’ai-je pas raison d’avoir peur qu’un jour vous regrettiez amèrement de vous être laissé tromper par votre propre cœur… Jean, je vous le répète, ce bonheur est trop grand pour moi, j’en ai peur, avant qu’il ne soit trop tard, cherchons à réagir tous deux contre le destin menaçant ».

— « Rassurez-vous, je vous en prie, Rita… Vraiment vos craintes sont tout à fait exagérées. Que vous importe le monde. N’aurons-nous pas toujours notre amour pour nous en défendre. Ne doutez plus, je vous en supplie, et croyez à ma sincérité, si l’amour que vous m’avez inspiré a trouvé écho dans votre cœur, vous n’avez pas le droit, par des craintes plutôt imaginaires, de repousser le bonheur que je vous offre… Votre amour, sachez-le, j’en ai besoin plus que jamais pour rendre moins cruels, les quelques jours qu’il me faudra sans doute passer loin de vous, une dépêche urgente me force à m’absenter pour un temps indéterminé, mais qui, j’espère, sera très court. Dites-moi si je puis espérer ?… Votre silence me fait tant souffrir…