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Page:Laberge - Visages de la vie et de la mort, 1936.djvu/49

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À L’ÉCOLE



LA classe des commençantes dirigée par sœur Sainte Cadie à l’école Frontenac comptait trente-deux élèves. C’étaient des fillettes de sept ou huit ans d’un quartier populaire. On leur enseignait le catéchisme, les prières, l’histoire sainte, la table de multiplication et on leur apprenait à lire. Deux fois par jour, au milieu de l’avant-midi et de l’après-midi, les enfants dont les parents payaient pour ce service prenaient un verre de lait. Il y en avait de maigres et d’anémiques qui n’en recevaient pas.

Un jour de fin d’octobre, sœur Sainte Cadie informa ses élèves qu’il y aurait à l’avenir une leçon de tricotage chaque semaine.

— Nous prendrons une demi-heure chaque vendredi et vous pourrez tricoter des mitaines, des capines ou des chandails. Ce sera gentil, n’est-ce pas ? Alors, prévenez vos mamans et, vendredi prochain, apportez-vous de la laine et des broches.

Sœur Sainte Cadie parlait d’une voix lente, fatiguée, usée. Elle paraissait vieille. Depuis dix ans elle enseignait aux commençantes à l’école Frontenac et pendant treize autres années elle avait également préparé les toutes jeunes à l’école Saint Joachim. Ce n’était pas une intelligence