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Page:Labiche, Delacour, Choler - Les Chemins de fer, 1867.djvu/86

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LE CHEF DE GARE.

Ah ! mon Dieu !

BERNARDON, à la Demoiselle.

Mademoiselle, faites-moi un verre d’eau sucrée… j’ai le gosier brûlant. (Au Chef.) Figurez-vous que le polisson… mon caissier… devait déposer cette somme dans la journée chez Marécat, mon banquier… (À la Demoiselle.) Un peu de fleur d’oranger, je vous prie, ça calme… (Au Chef.) Précisément j’y dînais… chez Marécat… Au dessert, je lui parle de ce versement, il me répond qu’il n’a rien été déposé à mon compte.

LE CHEF DE GARE.

Sacrebleu !

BERNARDON.

Ma digestion s’arrête… (À la Demoiselle.) Vous y joindrez un verre de kirsch… ça précipite. (Au Chef.) Je demande à voir les livres, nous descendons dans les bureaux… et en effet rien n’avait été déposé ! Mon sang se glace… (À la Demoiselle.) Un peu de cognac, ça tonifie. (Au Chef.) Alors je me souviens que le soir même j’avais rencontré le polisson… mon caissier… à la gare… prêt à partir… Je me rappelle son air embarrassé, ses mensonges… plus de doute ! c’était une fugue ! Mais je savais quelle ligne il avait prise ; j’adressai un télégramme à tous les chefs de gare. Je fis chauffer une machine… service de l’administration, et je montai dessus… Eh bien ? l’avez-vous vu ? où est-il ?

LE CHEF DE GARE.

J’ai bien reçu une dépêche : « Arrêtez caissier ; » mais vous avez oublié de me donner le signalement.

BERNARDON, vivement.

Ah ! c’est vrai ! le trouble… l’émotion… Et vous dites que le train vient de partir ?

LE CHEF DE GARE.

À l’instant.

BERNARDON.

Le polisson se dirige vers la frontière, mais j’y serai avant