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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/172

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d’hui ; et sous le puritain nous trouverons le républicain.

Qu’était-ce que cette prétention de ne reconnaître que la Bible comme règle de croyance ou de discipline, et en même temps de s’en réserver l’interprétation ? Qu’était-ce que refuser ce droit au roi, au parlement, à l’autorité ecclésiastique, sinon la revendication la plus complète de la liberté d’opinion, la négation absolue, non-seulement de la suprématie spirituelle que réclamait la royauté, mais encore de la suprématie temporelle, puisque la Bible était la loi souveraine des actions humaines devant laquelle tout pouvoir devait s’incliner ?

À une époque où la chaire était la seule tribune ouverte a qui voulait parler au peuple, où les prédicateurs touchaient à toutes les questions du moment avec une liberté qui ne peut plus exister aujourd’hui, car les questions politiques ont une autre place ; qu’était-ce que cette liberté de prophétiser que réclamaient les puritains, sinon ce que serait aujourd’hui la liberté de réunion et la liberté de la presse sans limites, et telles enfin qu’une république même peut à peine les supporter ?

Aussi personne ne s’y trompa : le peuple qui va aisément, aux partis extrêmes parce que la simplicité le séduit, et qui d’ailleurs, tout sanglant des persécutions de Marie Tudor, avait en