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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/216

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de ce culte qui faisait leur vie ; c’était pour fuir l’infidèle et le dissident. Leur société était moins un État qu’une congrégation close à quiconque n’était point reconnu pour un frère. Il n’y avait point de place pour l’étranger[1].

Mais ces hommes qui n’admettaient d’autre communion que la leur, ces hommes si sévères, si cruels pour les opinions d’autrui, étaient pour eux-mêmes, pour ce qui concernait leurs droits, d’une jalousie, d’une exigence excessive, et si leurs idées religieuses n’étaient point en avance de leur siècle, leurs idées politiques, on peut le dire, dépassaient en hardiesse nos théories de 1789.

Nous avons vu qu’en 1634, six ans après le premier départ, les émigrants laissant de côté la charte de la compagnie comme une écorce impuissante à contenir cette sève nouvelle qui éclatait de toute part, avaient constitué un gouvernement représentatif, et que dès 1644 ils avaient, sous le nom de gouverneur, d’assistants et de députés, organisé les pouvoirs exécutif et législatif, et partagé le pouvoir législatif, avec une sagesse qu’on n’a point encore dépassée. Ils ne se montrèrent pas moins jaloux d’assurer l’obéissance des magistrats, et de maintenir l’égalité civile.

C’est ainsi que dès 1639 on voit établir le principe de la courte durée des fonctions publiques,

  1. Ramsay, American révolution, I, p. 9.