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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/263

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d’émigrants passés en Amérique ne dépassait pas vingt-quatre mille personnes. C’en était assez cependant pour exciter la jalousie de l’évêque Laud et de l’Église épiscopale, et en 1637 ils obtinrent un ordre du roi qui défendit l’émigration des puritains.

On ne parlerait pas de cette défense, qui ne dura que quelques jours, si elle ne donnait l’occasion de mettre en garde contre une erreur historique généralement reçue, et qui cependant n’a aucun fondement. On voit partout que Cromwell et Hampden faisaient partie d’un convoi d’émigrants qui se rendait en Amérique, que la proclamation de 1637 les arrêta déjà embarqués dans le port, et qu’ainsi le malheureux roi retint ses ennemis au moment même où il allait en être délivré pour jamais.

La vérité est, et Bancroft l’a démontré suffisamment, qu’il n’existe pas la moindre preuve que Hampden et Cromwell fussent parmi les passagers qu’on arrêta quelques jours dans la Tamise ; et d’ailleurs si Cromwell eût voulu s’exiler, quelle difficulté légale eût arrêté cet homme qui avait pris pour devise nulla vestigia retrorsum, et qu’on n’effrayait pas aisément ?

Ce qui est vrai, c’est que Charles Ier, inquiet de cette émigration d’hommes unis par la foi et par un amour de l’indépendance religieuse et politique poussé jusqu’au fanatisme, avait attaqué la