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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/327

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il en était des soldats comme des généraux. On comprend qu’avec de pareils souvenirs, les milices soient restées populaires aux États-Unis et qu’on n’y veuille pas d’autre organisation. L’armée permanente, peu nombreuse[1], disséminée sur les frontières pour contenir ce qui reste d’Indiens, n’a aucune influence, quoique les officiers, sortis de West-Point, soient capables et instruits. En revanche, là-bas comme en Suisse, c’est la gloire et l’amour-propre de jouer au soldat, de s’exercer au maniement des armes et aux exercices militaires. C’est ce qui explique comment, pour l’expédition du Mexique, on a pu trouver si vite un si grand nombre de volontaires, intrépides et rompus au rude métier de la guerre. S’il n’y a point d’armée, il y a des soldats.

À la différence des Français, les Américains prennent au sérieux leur garde nationale pendant la paix, et comprennent quel est son devoir. Ils savent qu’elle est destinée à maintenir la tranquillité publique et à faire régner la loi ; aussi, dans les moments difficiles, traitent-ils l’émeute avec une extrême rigueur. C’est une justice populaire qui, n’ayant pas de responsabilité, ménage peu ceux qui résistent. Chez nous, où manquent les mœurs politiques et ce respect de la loi qui est la première condition d’un libre gou-

  1. En 1854, l’armée permanente est composée de 964 officiers et 9285 soldats, total 10 248. American almanach, 1854, p. 115.