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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/393

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Au Maryland, le Conseil était nommé par lord Baltimore, en Pensylvanie il était élu par le peuple. Au Maryland, le choix des magistrats et des moindres fonctionnaires appartenait aux propriétaires ; en Pensylvanie, Penn ne pouvait élire ni un juge ni un constable ; le gouverneur seul était à sa nomination, mais ce gouverneur ne pouvait rien faire sans le Conseil élu par le peuple ; enfin lord Baltimore avait un droit personnel sur l’exportation du tabac, et la colonie était grevée d’impôts, tandis que Penn refusa un semblable revenu, et qu’on ne connut point de percepteurs dans sa province.

Tel fut le gouvernement de la Pensylvanie. « Il est très beau, disait près d’un siècle plus tard le grand Frédéric, il est très-beau, pourvu, ajoutait-il et non peut-être sans quelque ironie, pourvu qu’il dure[1]. »

Voltaire avait plus de confiance, et dans ses Lettres philosophiques, publiées en 1727 à son retour d’Angleterre, il parle avec éloges des quakers de la Pensylvanie. On sent un admirateur sin-

    lotes (c’est-à-dire au scrutin secret), de sorte que les habitants de cette colonie ne pourront avoir aucuns souverains magistrats que ceux même qu’ils auront choisis, et cela d’une certaine manière que tant les élus que les exclus ne pourront point savoir ce qui aura été fait en leur faveur ou contre eux, afin d’obvier par là aux haines et animosités qui en pourraient naître. Et si quelqu’un se comporte mal pendant l’année de son administration, on en peut choisir un meilleur l’année suivante. » (Ce dernier paragraphe est le premier chapitre de la constitution de Pensylvanie.)

  1. Bancroft, II, 390.