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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/399

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du catholicisme, et de faire rentrer, sous le manteau de la liberté, une communion proscrite. Toutes les sectes d’Angleterre virent un piége dans cette concession, et, chose incroyable, telle était la haine des dissidents qu’ils demandèrent le maintien de la persécution dont ils souffraient, de crainte que la tolérance ne profitât à l’ennemi commun. Mais Penn, dont l’âme était plus grande, ne voulut pas renoncer à ses principes par crainte religieuse ou jalousie politique. Il avait établi la liberté de conscience en Amérique, ce n’était point pour la détruire en Europe ; il demeura donc fidèle au roi Jacques II et à ses convictions. Pour le parti protestant, Penn fut un courtisan vendu au roi, et qui plus est : un jésuite. C’était une calomnie que son absurdité n’empêchait pas d’être aussi dangereuse en Angleterre qu’elle l’a été quelquefois en France, et Penn fut obligé de se défendre contre cette ridicule accusation[1].

Je ne signalerais point ce fait étrange, si par une persistance que l’esprit de parti peut seul expliquer, on ne retrouvait ces accusations dans un livre qui a en ce moment un succès mérité par mille qualités diverses, ou pour mieux dire par toutes les qualités réunies, hormis une seule, sans quoi tout le reste n’est rien : l’impartialité.

Ouvrez l’histoire d’Angleterre de M. Macaulay, et

  1. La Vie de Penn, par Marcillac (Paris, 1791, t. II, p. 60 et suiv.), donne la lettre de Penn, qui est noble et judicieuse.