Aller au contenu

Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avoir attaché l’écriteau suivant du capitaine espagnol :

Je ne fais ceci comme à Français, mais comme à luthériens.

Le roi de France apprit avec indifférence la ruine d’une colonie qui, si elle eût été soutenue, nous eût donné une part de l’Amérique avant même que l’Angleterre eût songé à s’y établir ; mais, pour l’honneur du pays, cette injure fut vivement ressentie par un soldat qui avait l’âme d’un gentilhomme, et le cœur d’un Français.

Dominique de Gourgues, un brave capitaine de Gascogne, qui avait essuyé des vicissitudes communes dans la vie militaire du xvie siècle, et, comme Cervantes, avait passé par ces épreuves qui trempaient si fortement les courages, tour à tour soldat, prisonnier, esclave des Turcs ; Dominique de Gourgues, à la nouvelle de cet attentat, vendit ses propriétés, emprunta de ses amis, puis équipant trois navires portant cent cinquante soldats, il partit, en 1567, pour la Floride, non point pour s’y établir, mais pour venger ses compatriotes.

Il surprit deux forts espagnols, détruisit les établissements voisins de notre ancienne possession, et trop faible pour maintenir sa position, satisfait de sa vengeance, il se rembarqua pour la France, après avoir pendu ses prisonniers aux arbres mêmes où l’on avait étranglé les Français, et mis