Aller au contenu

Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 1.djvu/496

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

caractère et le rôle des constitutions, Burke, le vrai rénovateur de la science politique, celui qui l’a retirée du monde des rêves, pour la fonder sur l’observation.

Au milieu des orages soulevés par la révolution américaine, quand la passion populaire, quand un fatal entêtement, un faux patriotisme, poussaient l’Angleterre dans cette lutte fatale, Burke ne cessa de parler en faveur de la paix, de la justice, des droits des colonies. Il eut l’honneur de défendre avec une haute éloquence une noble nation qu’il aimait parce qu’il l’avait profondément étudiée ; il eut la gloire d’annoncer l’avenir avec cette sûreté que donne la science. Lui seul, dédaigné par les grands politiques du jour, lui seul songeait alors qu’avant de gouverner une colonie, ou de traiter avec elle, il fallait connaître son caractère, et pour lui le caractère américain se résumait en deux mots : l’amour de la liberté. Voici le passage du discours auquel je fais allusion ; il a été prononcé en 1775, quand Burke soutenait contre le ministère qu’il fallait se réconcilier avec l’Amérique. Ces quelques pages résument admirablement l’histoire et les institutions des États-Unis.

« Dans le caractère des Américains, disait-il, l’amour de la liberté est le trait prédominant qu’on retrouve partout ; et, comme une affection ardente est toujours une affection jalouse, vos colonies deviennent soupçonneuses,