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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 2.djvu/179

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barreau devait être impartial et indépendant en tout temps et en toute circonstance. Sur quoi, et suivant le vieil usage, on lui offrit une guinée en guise d’arrhes, et M. Adams l’accepta gaiement.

Il avait prévu l’orage qui allait s’élever contre lui ; mais qu’importe, il faisait son devoir. Il réunit une foule de témoins qui prouvèrent la parfaite innocence du capitaine ; et, quand le jury eut rendu un verdict de non coupable, un des juges de la cour ne craignit pas de dire au public qui écoutait en silence :

« Je suis heureux de dire qu’après un examen des plus sévères, la conduite du prisonnier se montre sous le jour le plus favorable ; mais je suis profondément affligé que cette affaire tourne à la confusion de ceux qui s’y sont employés et à la honte de la ville en général. »

Les soldats furent aussi jugés et acquittés, à l’exception de deux qui avaient tiré sans ordre et qui furent déclarés coupables d’homicide simple[1].

Je ne sais rien de plus remarquable que ce procès obscur et à peu près négligé par les historiens, surtout par les Américains, plus attentifs au massacre qu’à la procédure qui l’a suivi.

À voir la parfaite loyauté avec laquelle le procès est instruit, plaidé et jugé, qui ne sent combien était odieux et injuste le plan proposé par le duc de Bedford pour faire juger les Américains en Angleterre ?

Qui ne sent aussi combien ce peuple américain, malgré toute sa passion, était mûr pour la liberté ?

  1. Lord Mahon, V, 280.