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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/200

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pas de son voisin dans une question municipale, plus tard on sera fidèle à son parti politique, on aura des principes arrêtés, et on sera habitué à y rester fidèle. En France, au contraire, il n’y a jamais que deux grandes catégories, ceux qui sont pour le pouvoir, et ceux qui sont pour l’opposition.

Une révolution arrive ; il semble que les choses vont changer : pas du tout. Ceux qui défendaient l’ancien pouvoir se mettent à défendre le nouveau ; il ne faut pas leur en vouloir, ils comprennent ainsi le salut de la société ! Quant à ceux qui étaient dans l’opposition la veille de la révolution, ils y sont encore le lendemain. Il y a bien quelques hommes intelligents qui passent d’un camp dans l’autre, mais ce n’est pas le grand nombre, et vous pouvez remarquer qu’en France les hommes d’opposition et les hommes de gouvernement sont toujours les mêmes. Les uns veulent tout renverser, les autres tout conserver. Avec de pareilles idées, comment pourrait-on avoir un caractère ? S’il faut soutenir le pouvoir quel qu’il soit, si le pouvoir n’a jamais tort, à quoi bon une conscience et un jugement ? De même, si l’opposition a toujours raison, s’il suffit d’être toujours d’un avis contraire au gouvernement pour être populaire, à quoi bon s’instruire et se faire une opinion ? Voilà le mal dont nous souffrons. Nous ne pouvons sortir de là que par la vie politique, par la pratique de l’association, de la vie communale, de tout ce qui fera de nous des hommes habitués à vivre ensemble, à discuter et à soutenir leurs opinions.

Nous avons eu en France un homme qui avait été