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Page:Laboulaye - Histoire politique des États-Unis, tome 3.djvu/236

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fédération la dette militaire et les dettes des États. Il créait ainsi l’unité financière pour arriver plus sûrement à l’unité nationale. Comme complément nécessaire de cette mesure, Hamilton proposa que le congrès fût autorisé à établir des douanes sur toutes les côtes de l’Amérique. Établir l’unité de ressources, c’était le moyen de créer un fonds national pour une dette commune. La proposition était bonne ; mais elle n’allait pas au parti démocratique jaloux de l’armée, et qui ne voulait rien faire pour les soldats. Aussi quand Hamilton demanda qu’il y eût unité d’impôts et de dettes, des gens qui, plus tard, furent présidents, des États-Unis, s’écrièrent : Il se trahit ! On le dénonça comme un monarchiste. Le congrès accueillit, mais sans grande faveur, ses propositions ; les États refusèrent d’y accéder. Un cœur vulgaire se fût découragé. Mais c’est un triste politique que celui qui ne s’habitue pas à être vaincu ; il faut savoir attendre, et, quand on s’adresse à l’opinion, être certain que le jour viendra où la raison finira par triompher.

Hamilton ne désespéra point, et quand la misère augmenta, quand les désordres intérieurs s’ajoutèrent à la misère, quand la nation commença à sentir la souffrance, Hamilton en appela au pays. Il fut avec Madison un des promoteurs de cette fameuse Convention d’Annapolis, qui devait régler le commerce intérieur de l’Amérique. Arrivé à Annapolis, il trouva devant lui les mêmes préjugés : il s’aperçut de l’impuissance de la Convention. Mais là, avec le coup d’un œil d’homme d’État, il pensa qu’il y avait une manière de sauver