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Page:Labriolle - La Réaction païenne, 1934.djvu/180

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personnalité si haute, en ne la considérant que sous ce chétif aspect. Apollonius fut, selon lui, un sage d’une exceptionnelle qualité ; il vivait avec les dieux dans une sorte d’intimité, grâce à quoi il pénétrait leur volonté et accomplissait de surprenants prodiges, où la magie n’était pour rien[1]. Car magie et théurgie ne doivent pas être confondues. Ce théologien, dévot fidèle d’Hélios, d’Apollon et d’Asclépios, apparaît à son panégyriste comme un admirable pédagogue pour guider les hommes vers la connaissance des formes diverses du culte selon lequel les dieux entendent être honorés ; et dans toutes les parties de l’univers, chez les mages de Babylone, les brahmanes de l’Inde, les gymnosophistes d’Éthiopie, sur les bords du Nil, en Grèce, à Rome, en Espagne, il leur enseigne le goût de la mortification, le respect de l’humanité, la science des prières et des sacrifices.

VI

Sur l’intérêt qu’offre le roman de Philostrate, il semble qu’on ne s’entende guère. Albert Réville le trouvait « amusant comme peu de romans modernes[2] » ; Renan, lui, le déclarait « insipide[3] ». Laissons au lecteur assez persévérant pour le lire jusqu’au bout le soin de décider entre ces deux appréciations.

Quelle que soit son impression finale, il est une particularité du livre qui ne peut manquer de frapper son atten-

  1. Cf. par ex. V, 12 ; VIII, 7.
  2. Rev. des Deux-Mondes, t. LIX (1865), p. 621.
  3. L’Église Chr., p. 427.